Lorsqu'un couple se sépare alors que l'enfant est encore petit, rien n'est simple, rien n'est vraiment mis en place, ni pour le protéger ni pour l'étayer .
L'enfance est un temps de construction tant de la personnalité que de l'identité. Les jeunes sont extrêmement malléables et vulnérables à la manipulation exercée par un parent.
Le foyer familial, même à distance, devrait être un lieu de sécurité, d'amour et de protection pourtant il arrive que ce soit l'inverse qui se produise. Un parent, ne serait-ce que pour se venger, dans le contexte d'une séparation conflictuelle, n'a parfois d'autre but que démonter pierre par pierre l'édifice de l'autre. Il conditionne alors son enfant, "pas vu pas pris", pour l'amener à rejeter son autre parent sans qu'il n'y ait aucune raison à ces actes, sinon la frustration, la vengeance et bien souvent la perversion.
Un enfant n'a pas les moyens de résister à celui qui cherche à l'aliéner car tel est le mot qui convient : aliénation. Le syndrome d'aliénation parentale (SAP) a été décrit en 1986 par Richard Gardner, professeur de pédopsychiatrie à l'université de Columbia. Il nommait ainsi les perturbations psychologiques qui atteignent un enfant lorsque l'un de ses parents effectue sur lui, de manière implicite, un "lavage de cerveau" visant à détruire l'image de l'autre parent. Ce concept a été très critiqué, pourtant dans mon activité professionnelle, j'ai été amenée à rencontrer des parents qui, après une séparation, ont vu leurs enfants les rejeter. Certains, à l'adolescence ont choisi de ne plus vouloir voir leur père ou leur mère... et inutile d'expliquer les retombées psychologiques et la souffrance engendrée par un tel aboutissement. La prudence est de mise bien sûr, pourtant, dans la réalité, cela arrive.
La justice a bien du mal à se prononcer dans ces affaires familiales houleuses et compliquées ; elle fait alors des cotes mal taillées qui protègent bien mal les enfants.
Le SAP reste un sujet explosif dans des contextes de guerre parentale. Je pense qu'on pourrait davantage associer le corps médical à la justice. Comme notre société est somme toute très hypocrite, nous avons préféré le terme "perte du lien parental"...
J'ai une préférence pour le mot : aliénation tout simplement parce que : étymologiquement "a-liéner" signifie : rompre le lien.
Les familles séparées savent "qu'un coup sur deux", c'est chez papa ou chez maman... Cette année le lapin de Pâques aura encore des allures de "loup" pour certains petits...