"Qui parle du temps perd son temps", vieux dicton ; pourtant la météo est présente à chaque journal tv comme si nous devions tous être ménagés à l'idée d'avoir des prévisions pluvieuses, glaciales, pire... neigeuses! Un flocon en vue et c'est le bordel sur les routes. Nous semblons bien plus préoccupés de la météo à venir que du réchauffement climatique.
Temps pourri! Vivement le printemps! Mais depuis 2020, nous avons le covid... Je dis "le", n'ayant aucune envie de féminiser cette saloperie! Anxiété généralisée, confinements répétitifs, incapacités administratives et politiques et foutoir dans notre pays... la détestation de la pluie, du sale temps prend une intensivité inédite. Déjà Hippocrate associait la mélancolie à l'automne, que dire de l'hiver! Une étude a démontré, en observant des conflits dans le monde de 1400 à 1900 que les refroidissements climatiques avec toutes leurs conséquences économiques, avaient été une cause déterminante des guerres... On va finir par croire qu'après tout un réchauffement climatique serait de bonne augure!
Les patients déprimés, jeunes compris, restent hyper sensibles à la météo du jour : "oh... quand il pleut, j'ai le bourdon, tous ces nuages noirs me rendent tristes...", comme si l'état du ciel influençait directement leur moral. Je me rappelle un jeune garçon se traînant jusqu'à mon bureau en gémissant : "il fait si gris que j'ai envie de disparaître!".
Le soleil quant à lui est célébré, oh, pas depuis longtemps, depuis la moitié du XVIIIème siècle où l'on a découvert que s'il réchauffe, il embellit aussi : le monde et les idées ; qu'il est la clef de l'harmonie. Les poètes ne s'y trompent pas et l'encensent tout comme les peintres qui l'adorent. Dans les années 1850, le soleil devient même un remède : le soleil guérit de tout, même des microbes. Ma grand-mère était convaincue qu'une fenêtre ouverte, le grand air et le soleil purifiaient tout dans la maison!
A l'heure où nous sommes privés de la liberté d'aller et venir, priés de rester confinés, il n'est pas difficile de comprendre combien la morosité est grande. Plus de balades, plus de farniente au soleil... c'est le tocsin qui sonne. Nous avons envie de grand air, envie de respirer, envie de vivre autrement. Nous étouffons dans les villes. Sans doute aussi avons-nous trop de tout : trop d'informations, d'images, de sms, trop de contacts, de choix, etc... Ce n'est pas anodin si la tentation de la simplicité flotte dans l'air du temps...