Les troubles de l'écriture posent problème dans le cadre des apprentissages ; pourtant c'est avant tout un trouble d'origine psychosomatique qui permet de s'interroger sur les difficultés d'un enfant : difficultés qui ne relèvent ni d'un handicap, ni d'une intelligence défaillante!
L'écriture qui fait mal met en lumière la souffrance d'un jeune : souffrance physique = écrire trop lentement indique une douleur dès lors que l'enfant veut aller plus vite ; souffrance psychique = manque de confiance en soi, mal être, bleus à l'âme...
Il s'agit ici d'une plus grande sensibilité à la séparation, à l'autonomie, à aller son chemin en toute sérénité avec confiance.
A l'heure actuelle la norme tend vers la séparation familiale ; bien des couples sont séparés, bien des enfants portent un nom différent de leur mère, bien des familles sont "recomposées" pour le meilleur mais parfois aussi pour le pire.
On parle d'une possibilité d'étendre la "garde alternée"... comme si cela était un concept évident. Oui, bien sûr, techniquement, c'est formidable d'imaginer un monde parfait où deux parents seraient suffisamment matures, pleins de bonne volonté pour encadrer respectueusement leur enfant, se concerter avec bienveillance en ne pensant qu'au bonheur de leur petit... Oui, ce serait bien.
En réalité, qu'en est-il? à mon niveau professionnel je ne peux que constater que parfois il est très compliqué de réunir des parents séparés autour de leur enfant. Si un des deux prend l'initiative de consulter parce qu'il trouve que son enfant ne va pas bien, l'autre parent reste bien "mou" et en retrait ; il ne valide pas toujours le travail entrepris, au pire le dénigre tout simplement parce que c'est une idée de "l'autre".
Je vois certains enfants déboussolés qui se traînent d'une maison à l'autre, oubliant leurs affaires de classe, toujours en décalage et qui tentent vaillamment de "tenir bon"! Les parents parfois en toute bonne foi s'interrogent : "c'est problématique! il(elle) oublie toujours quelque chose"... Oui, je comprends. Qui aurait envie de changer de maison toutes les semaines??? Certains sont plus matures, mieux "rodés" : ils n'ont jamais connu autre chose, se plient à ce système étonnant... et on s'interroge : "ils ne manifestent pas grand chose ces enfants... semblent suivre le mouvement... ne disent rien... ne sont jamais ni joyeux, ni tristes...
Voilà ; sans doute un juriste zélé s'est dit qu'il fallait mettre cette histoire dans un bon cadre... Il se trouve que, à titre personnel, je suis témoin des dégâts qu'une séparation peut engager. Que fait-on lorsqu'une mère isolée, séparée d'un homme instable, violent et pervers, peine déjà à démontrer la dangerosité d'un individu? Comment protéger l'enfant? Bien sûr, c'est une évidence, un enfant a besoin de ses deux parents pour grandir mais que dire lorsqu'un parent de façon obsessionnelle ne pense qu'à "dégommer" l'autre?? Comment soustraire un petit à de tels agissements? Je connais un "bon père de famille" : violent, menteur, pervers bref toxique pour un jeune enfant. Je n'imagine pas un seul instant la possibilité de lui offrir le loisir de détruire son enfant -une semaine sur deux- sous prétexte qu'un "politique" zélé a décrété que c'était -pour le bien de l'enfant-.
C'est sans doute dans l'air du temps de -codifier-, ranger dans des cases, normaliser, rendre "transparent"... la transparence est bien souvent d'une telle violence! ... sans prendre en compte l'humain, la sensibilité. Dans le cadre du travail thérapeutique on ne peut que constater que bien souvent l'école nous demande de "réparer" au plus vite, en balayant d'un revers de la main le mot "souffrance", en oubliant que derrières les mots, les lettres, l'écrit il y a les sentiments, les émotions, la vie en jeu... parfois aussi.
Nous vivons une époque formidable... On fait quoi des petits enfants? Il est bien beau de parler de parité!
Rappelons-nous qu'écrire c'est laisser une trace. "Je suis celui qui écrit et qui, en écrivant, laisse dans l'intelligence de l'Autre une trace qui, pour être maladroite et sans réelle beauté, est une preuve tangible de mon existence. Je suis celui qui a lu l'Autre, et ces traces laissées dans ma propre pensée ont construit ma singularité et ma cohérence". (A. Bentolila)